23 juin 2020

Un jour à Salzbourg


Extrait de LA CALANQUE PERDUE
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C’était en Août, à Salzbourg.
Nina et Léna venaient d’arriver à l’hôtel, par une journée caniculaire, faisant mentir la tradition, selon laquelle Salzbourg est une ville pluvieuse et humide. En l’occurrence, il faisait très chaud et les deux filles n’avaient qu’une hâte : prendre un bain. Elles étaient venues pour le célèbre festival de musique comme bon nombre de touristes étrangers.
Leur chambre, confortable, décorée avec raffinement, les émerveilla.
« J’en peux plus, je crève de chaud ! » gloussa Léna en retirant prestement sa robe ;
« Hé ! Attends un peu… »
Nina venait de se ruer sur un rideau fleuri qu’elle tira brusquement, occultant en un tour de main la baie vitrée, au grand étonnement de sa sœur.
« Il y a un homme dans le patio ! »
 Un fou rire plia Léna en deux ; avec précaution, toutes deux écartèrent délicatement les voilages élégants censés les protéger des regards curieux. La bâtisse ancienne et cossue était ainsi construite que, par une fantaisie de l’architecte, les chambres ouvraient sur un jardin intérieur comme dans les demeures espagnoles ou mauresques. Des tables et des chaises blanches de fer forgé placées harmonieusement se mêlaient à des pots de plantes vertes, et là, en plein milieu, un homme assis était en train de lire son journal.
 « Dis donc, il est plutôt beau garçon ; on dirait une vedette de cinéma, quelle classe ! Mais il n’a pas pu nous voir, il ne regarde pas dans notre direction ! »
« Tu as raison, sauf qu’il tient son journal à l’envers ! »