Extrait des ROMANCES DU VENT
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"Charrier des pierres toute la journée, ça finit par
créer des liens, mais, lui, il ne nous parlait pas
beaucoup. On ne lui en a pas voulu, au fond, c’était
plus facile de nous ignorer ; il a bien fallu qu’il
s’habitue au climat, aux nouveaux aliments, au béton
des villes, aux cris des patrons, à l’indifférence glacée
des gens comme il faut. Il a tout accepté sans
broncher, et peu à peu, il s’est arrangé une vie en
équilibre sur un fil. Et puis, il y avait cette fille au
regard brûlant rencontrée sur le navire ; alors le fil sur
lequel il marchait, s’est transformé en un vaste
chemin où ses pas avaient trouvé un écho. Elle aussi
était une déracinée, elle aussi, venait d’ailleurs ; et
puis, ils s’étaient trouvé des compagnons qui leur
ressemblaient, tout naturellement, poussés les uns
vers les autres par le souffle du vent dans les rues de la
grande ville. Alors, main dans la main, la route était
devenue moins difficile.
Ils étaient trop beaux tous les deux !"