19 sept. 2013

Coup de vent sur la ville


Extrait de "La calanque perdue"
Page 109
                          LA DERNIERE RENCONTRE

Il faisait un vent de tous les diables ce jour là. Le ciel était en colère, les arbres se tordaient de rage, les rues hurlaient à la mort dans une cacophonie épouvantable de klaxons déchaînés.
Elle avançait péniblement, ses rhumatismes la transperçaient de douleurs aiguës à chaque pas, elle y voyait mal, luttant contre les rafales qui menaçaient de l’abattre à chaque instant. A un moment, elle s’appuya dans l’embrasure d’une porte pour reprendre haleine ; le souffle lui manquait ; son regard se porta machinalement de l’autre côté de l’avenue, et c’est là qu’elle le vit, assis au volant d’une voiture en stationnement. Il avait à peine changé, elle l’aurait reconnu n’importe où, pourtant il avait disparu de sa vie depuis bien longtemps.
Alors, lui revint en mémoire, les mots qu’il avait coutume de lui dire pour la consoler de ses chagrins d’enfants :
« T’en fais pas ; tous les deux, quand on sera grand, on partira en Amérique… »
Il y avait bien cinquante ans de ça…