3 juin 2012

La fête des mères

Extrait du poème de Victor Hugo ( 1802-1885)  : 
"Ce siècle avait deux ans"

"Alors dans Besançon, vieille ville espagnole, 
Jeté comme la graine au gré de l'air qui vole, 
Naquit d'un sang breton et lorrain à la fois 
Un enfant sans couleur, sans regard et sans voix ; 
Si débile qu'il fut, ainsi qu'une chimère, 
Abandonné de tous, excepté de sa mère, 
Et que son cou ployé comme un frêle roseau 
Fit faire en même temps sa bière et son berceau. 
Cet enfant que la vie effaçait de son livre, 
Et qui n'avait pas même un lendemain à vivre, 
C'est moi. -

Je vous dirai peut-être quelque jour 
Quel lait pur, que de soins, que de voeux, que d'amour, 
Prodigués pour ma vie en naissant condamnée, 
M'ont fait deux fois l'enfant de ma mère obstinée, 
Ange qui sur trois fils attachés à ses pas 
Épandait son amour et ne mesurait pas ! 
Ô l'amour d'une mère ! amour que nul n'oublie ! 
Pain merveilleux qu'un dieu partage et multiplie !
Table toujours servie au paternel foyer ! 
Chacun en a sa part et tous l'ont tout entier !"
Signature de Victor Hugo

Sans l'acharnement de sa mère, le poète n'aurait sans doute pas survécu, et nous aurions perdu un immense écrivain.
A sa mort, on lui fit des funérailles nationales et son corps fut conduit au Panthéon des hommes célèbres à Paris.