Extraits de "ATTENTION AU TOURNANT"
Pages 33-34
Ce jour là, la petite Valentine se balançait doucement, pendant que son pépé arrachait les mauvaises herbes, à demi courbé vers le sol. Le bruit d’une porte que l’on claque brusquement, les avait fait sursauter tous les deux ; Carine sortait de la maison d’à côté et se dirigeait vers le portail sans rien voir autour d’elle. Cette image devait hanter la fillette pendant des années, elle vit la jeune femme passer l’entrée de la villa, suivre l’allée de fins graviers blancs, descendre sur la route, prendre le virage qui menait au village, et puis plus rien, ce fut tout… Elle attendit longtemps sans en croire ses yeux, et pourtant, il fallut bien se rendre à l’évidence. Carine ne reparut pas de l’autre côté du tournant.
Valentine, si elle n’avait pas été handicapée, aurait couru tout de suite au moins jusqu’à la porte du jardin, mais c’était impossible, elle était attachée sur sa balançoire, et de toutes façons, elle ne pouvait pas marcher... Sans doute, tout aurait été différent alors ; peut-être, aurait-elle vu quelque chose, et le drame aurait pu être évité !
- « Où elle va, Carine ? »
La question avait jailli spontanément de sa bouche de petite fille où deux dents manquantes faisaient un trou disgracieux. Son grand-père n’avait jeté qu’un vague coup d’œil dans sa direction, il avait à peine relevé la tête, absorbé par son travail ; il devait le regretter plus tard, trop tard ! C’était un après midi calme et tranquille, plein d’un fragile soleil de printemps, un jour comme un autre… Rien ne laissait présager le drame qui allait suivre.
- « Où elle est passée Carine ? »