Extrait de "Comme un reflet d'éternité"
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Un jeune archéologue découvre la tombe d'une noble dame de l'antique Egypte.
"Il s’est mis debout péniblement, en tendant
devant lui une torche qui ne faisait pas de flamme mais qui éclairait bien, il
marmonnait des exclamations dans une langue barbare que je ne comprenais pas,
en se déplaçant lentement. A mon grand étonnement, il n’a rien touché, n’a rien
dérobé, il s’est contenté d’observer tous les objets qui m’accompagnaient ;
et longtemps, il est resté à me contempler comme s’il voyait la plus belle
femme du monde !
Sa peau était plutôt claire, mais couverte d’une couche de crasse
répugnante faite de sueur et de poussière, pourtant malgré ses cheveux en
broussaille et son accoutrement ridicule, il ne manquait pas de noblesse.
Il a passé un temps infini à tourner autour de moi, à me dévisager avec passion
comme un homme amoureux…
Il est reparti comme il était venu en
s’enfonçant dans le boyau étroit qu’il avait creusé ; sans doute est-il
allé chercher de l’aide, pour emporter les trésors qui m’accompagnent…
« Isis, je t’en supplie,
Isis, ne les laisse pas faire, défends moi, déesse mère, de la folie des hommes ! »
Je reste là, comme à l’arrêt, je
n’entends plus les chants des oiseaux, ni le bruit des vaguelettes, non, un
immense silence s’est abattu sur moi, je sens que je ne bouge plus ; mon
voyage s’est arrêté…Pourquoi a-t-il fallu que ce fou pénètre dans mon tombeau,
gardé comme une forteresse par des tonnes de pierres monumentales, ne savait-il
pas les dangers encourus à franchir la fragile frontière qui sépare la vie
charnelle de celle des âmes ? J’ai toujours été une femme vertueuse, j’ai
franchi la dernière porte, le cœur plus léger qu’une plume, et j’ai vu fleurir
le lotus bleu dans les jardins de l’éternité.
Les dieux sont avec moi.