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Un sourire éclaira le visage de
Clément dans le contre jour.
-« Tant de souvenirs me
reviennent en vous voyant, vous savez, je repense souvent à la sépulture de la Dame Ti ; quand j’a
vu son sarcophage, j’ai eu le privilège de contempler le plus beau spectacle de
ma vie, c’était une chance inouïe ; depuis, j’y ai souvent pensé. »
Un long silence s’installa, plein
de souvenirs, Clément était retourné dans le caveau où le corps d’une femme
reposait au milieu d’un fouillis d’objets hétéroclites, plus somptueux les uns
que les autres. Il se voyait avancer à pas de loup au milieu de toutes ces
merveilles, en se disant qu’il était le seul, depuis des siècles à mettre ses
pas dans ceux des grands prêtres qui l’avaient précédé. Son émotion se lisait
sur son visage.
Nous y voilà, songea, Sam, c’est
le moment où jamais, d’avouer ce que tu sais, il enchaîna :
-« Vous avez sûrement
regretté d’avoir dû abandonner les fouilles. »
-« Au début, oui, j’étais
fou de rage, tellement déçu…Et puis, avec le temps, je me suis dis que c’était
mieux ainsi. »
Un moment, il se tut, il semblait
parti loin, dans la tombe millénaire, puis sa voix reprit doucement :
-« Si on avait réussi à dégager
l’entrer, il aurait fallu ouvrir le sarcophage, la sortir du cercueil, la
déshabiller, la momie serait alors apparue, vous en avez déjà vues, n’est ce
pas ? »
-« Oh ! Oui ! Ce
n’est pas beau à voir ! »
-« C’est bien ce que je me
suis dit, c’est ridicule sans doute, mais je préfère garder le souvenir de ces
yeux d’émeraude qui semblaient me regarder, j’ai eu l’impression qu’elle me
voyait ; cela m’a fait une drôle d’impression, ce n’était pas une momie
figée dans son caveau, non, elle survivait au-delà du temps, dans un monde et
une dimension qui nous échappe, à nous, pauvres êtres humains ! Il y
avait dans son regard comme un reflet d’éternité…»