Extrait de "La calanque perdue"
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Ce matin là,
le Mistral courait partout comme un fou, en colportant
d’invraisemblables histoires. Le ciel était d’un bleu absolu, et
la maison du pêcheur se reposait sur la plage."
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Avant de venir vivre dans
cette maison, il y avait eu la chaloupe. Elle avait navigué, avant
d’arriver ici, avec une troupe de gens dont elle avait oublié les
traits. Même son père et sa mère, n’avaient plus de visage, ils
n’étaient plus que tendresses, caresses, soupirs…
Sa petite enfance, elle
l’avait oubliée, tout avait basculé un soir de tempête. Les
siens s’étaient embarqués dans une drôle de galère, poussés
par le désir de vivre en paix .D’où venaient-ils ? Elle
ne savait plus. Ils étaient partis voilà tout.
Leur terre ne leur
appartenait plus, ne les nourrissait plus, un tyran s’était
approprié leurs biens, allez savoir, si longtemps après !
Il suffit de prendre une
poignée de sable dans sa main et de le laisser couler entre ses
doigts, pour savoir ce qu’est la liberté. Elle devait avoir trois
ou quatre ans à l’époque, pas plus.
Le bruit des vagues, avec
leur reflux incessant ; les porte-voix des garde-côtes, les
cris qui s’entrecroisent dans le noir, elle n’avait rien compris
cette nuit là !