Extrait du "Masque des héros"
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"L’été s’étire au soleil, installant une moiteur languissante à chaque mouvement.
Sur le Cours Mirabeau, les platanes sont superbes. L’avenue se déroule, majestueuse, depuis la grande fontaine de la place de la Rotonde, jusqu’à la statue du Bon Roi René qui contemple sa ville d’un air satisfait.
Il fait chaud, en ce mois d’août, comme toujours en cette saison et les débits de boisson font de bonnes affaires. Les terrasses sont pleines à craquer de gens attablés devant des chopes de toutes dimensions, des coupes de glace plus ou moins débordantes, des canettes et des tasses vides, autour desquelles naviguent des serveurs sobrement vêtus de noir, le plateau surchargé à bout de bras.
Accoudé à un guéridon, devant le bar où il s’est installé, Simon regarde passer les filles qui déambulent sur le trottoir. Robes légères, largement décolletées, petits shorts bien serrés sur des fesses rondes, elles montrent leurs jambes bronzées avec fierté. Certaines sont fascinantes, d’autres sans aucun charme, il se demande pourquoi ; est-ce la beauté ? Ou l’élégance ? Peut-être la façon de marcher ? Allez savoir… Les esplanades où les chaises s’alignent au coude à coude, sont pleines de chuchotements, et entre deux tintements de glaçons dans les verres, il saisit des bribes de conversations, des lambeaux de phrases perdues parmi les coussins collés aux chaises. Cela comble sa solitude, sans participer aux propos qui s’échangent autour de lui, il se sent un peu moins seul. La politique, la météo, la demi-pression, le dernier film à la mode, les rendez-vous, tout se mêle et s’entrechoque au rythme des verres que l’on vide avec ardeur."