27 avr. 2014

Aix-en-Provence


Extrait du "Masque des héros"
Page 41-42

"L’été s’étire au soleil, installant une moiteur languissante à chaque mouvement.
Sur le Cours Mirabeau, les platanes sont superbes. L’avenue se déroule, majestueuse, depuis la grande fontaine de la place de la Rotonde, jusqu’à la statue du Bon Roi René qui contemple sa ville d’un air satisfait.
Il fait chaud, en ce mois d’août, comme toujours en cette saison et les débits de boisson font de bonnes affaires. Les terrasses sont pleines à craquer de gens attablés devant des chopes de toutes dimensions, des coupes de glace plus ou moins débordantes, des canettes et des tasses vides, autour desquelles naviguent des serveurs sobrement vêtus de noir, le plateau surchargé à bout de bras.
Accoudé à un guéridon, devant le bar où il s’est installé, Simon regarde passer les filles qui déambulent sur le trottoir. Robes légères, largement décolletées, petits shorts bien serrés sur des fesses rondes, elles montrent leurs jambes bronzées avec fierté. Certaines sont fascinantes, d’autres sans aucun charme, il se demande pourquoi ; est-ce la beauté ? Ou l’élégance ? Peut-être la façon de marcher ? Allez savoir… Les esplanades où les chaises s’alignent au coude à coude, sont pleines de chuchotements, et entre deux tintements de glaçons dans les verres, il saisit des bribes de conversations, des lambeaux de phrases perdues parmi les coussins collés aux chaises. Cela comble sa solitude, sans participer aux propos qui s’échangent autour de lui, il se sent un peu moins seul. La politique, la météo, la demi-pression, le dernier film à la mode, les rendez-vous, tout se mêle et s’entrechoque au rythme des verres que l’on vide avec ardeur."

23 avr. 2014

Premières roses


Le beau temps fait fleurir les premières roses dans les jardins

"Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avait éclose 
Sa robe de pourpre au soleil
A point perdu cette vesprée
Les plis de sa robe pourprée
Et son teint au votre pareil."

A Cassandre
Pierre de Ronsard ( 1545 )




7 avr. 2014

Un marché en Provence


Extrait de "ATTENTION AU TOURNANT"
Page 24
"En arrivant, elle fut tout de suite séduite par le cachet ancien du village ; le linge séchait aux fenêtres comme autant d’oriflammes multicolores, une familiarité bon enfant se dégageait des balcons étroits où les femmes papotaient en s’interpellant. Les tentes aux couleurs vives des marchands ambulants se serraient les unes contre les autres ; la foule se pressait dans les allées, cabas en bandoulière. De petites pyramides de pommes ou d’oranges, des plateaux de fromages frais, décorés de branches de romarin, de larges seaux remplis d’olives vertes ou noires, des montagnes de pots de miel, des bouteilles d’huile alignées comme des soldats à la parade se succédaient en rangs serrés, elle ne savait plus où donner des yeux… Elle se sentait aussi à l’aise qu’un poisson dans l’eau et se fondit avec plaisir dans ce flot de gens au coude à coude qui n’en finissaient pas de défiler, de s’arrêter, de repartir et d’onduler dans un inextricable va-et-vient. "